Les Organisations de la Société Civile camerounaise imprégnées sur la question du genre dans la gouvernance forestière.

17 October 2017
1731 Views
Comments are off for this post

Huit Organisations de la Société Civile camerounaise (FODER, CED, FLAG, ASTEVI, ASD, FCTV, CAMINSUD, CRADIF, CAMECO), sont désormais outillées pour intégrer l’approche genre dans les différentes actions relative à la gouvernance forestière et au suivi des activités forestières. En effet, une brochette du personnel de ces organisations ont tous pris part à une formation sur la prise en compte du genre dans les processus de gouvernance forestière. L’atelier qui s’est tenu du 26 au 29 septembre était organisé dans le cadre du projet «Voix des Citoyens pour le Changement : Observation Forestière dans le Bassin du Congo» (Projet CV4C). La formation a été facilitée par Mary Nyuyinui, consultante.

En trois jours de formation, les participants parmi lesquels sept membres de l’équipe de l’association Forêts et Développement Rural (FODER) ont pu harmoniser leur compréhension du concept genre. « Avant que je ne participe à cette formation je n’avais aucune idée du genre. J’ai pu apprendre que le genre fait référence aux rôles, responsabilités et opportunités socialement attribués aux hommes et aux femmes, autant qu’aux structures de pouvoir cachées qui gouvernent les relations entre eux. De manière plus simple, le genre relève de tout ce que l’homme peut faire et tout ce qu’une femme peut faire », explique Hervé Joël Mounpen, chef de projet au sein de FODER.

Sur la base des principes fondamentaux du concept genre, les participants ont pu comprendre que la question du genre brise les inégalités entre l’homme et la femme. Ces principes faisant appel à l’égalité, l’équité, et l’empowerment qui fait appel à la transformation des structures injustes de la société pour les rendre favorables et équitables tant aux hommes qu’aux femmes. L’empowerment étant égale à la capacitation plus qu’au coaching, accompagnement, suivi…

Sur la base des exercices pratiques, les 30 participants ont décelé quelles peuvent être les obstacles à la participation des femmes dans la gouvernance forestière. Et, comme obstacle il a été identifié :

  • La pesanteur socio-culturel
  • Le niveau politique (exclusion, pas de distinction de genre, la capacité)
  • Les idéologies et la tradition
  • Le manque d’engagement financière et politique
  • Le manque de capacité (éducation…)

De ces obstacles, la facilitatrice a pu partager aux organisations les outils d’analyse de genre qu’ils peuvent utiliser pour diagnostiquer la problématique du genre qui peut se poser dans leur structure. L’analyse du genre, permet de dévoiler les liens entre les relations de genre et le problème de développement à résoudre. Les résultats attendus de cette analyse étant l’amélioration de l’équité dans les résultats entre les hommes et les femmes, la participation efficace des différentes composantes et la transformation des relations sociales de genre. L’analyse genre dans les organisations devraient répondre aux questions clés telles que : Qui joue quel rôle dans le projet ? Quel est le rôle du genre ? …

Quelques outils d’analyse de genre, notamment « le cadre à triple rôle », « les 24 heures de travail », ont été partagés aux apprenants. Ces outils permettent de savoir pour une organisation donnée les rôles que jouent les femmes et ceux que jouent les hommes.

A la fin de la formation, chaque participant a pris l’engagement de procéder à la restitution des enseignements appris au sein de son organisation. A FODER, « une minute genre » a déjà été instaurée au sein de la réunion mensuelle de coordination qu’organise l’organisation. Cette « minute genre », permet aux différents membres de l’équipe de partager avec les autres collègues les leçons apprises au cours de cette formation sur la prise en compte du genre dans les processus de gouvernance forestière. FODER continuera la restitution avec les autres organisations telles qu’ASTEVI, au cours de la 17ème réunion de coordination d’Observation indépendante externe (RC-OIE).

Christelle KOUETCHA (FODER)

Réactions (Ce que la formation sur le genre leur a apporté)

“A la suite de cette formation sur la prise en compte du genre, je perçois mieux la différence entre le genre vue sous l’aspect de l’égalité et le genre perçue sous la forme de l’équité. Au demeurant l’approche genre repose davantage sur une démarche d’équité, mettant ainsi l’accent sur la capacité que l’homme et la femme peuvent avoir en termes de potentialités et d’égalité de chance dans la société, mais surtout face à un problème bien précis notamment dans l’amélioration de la gouvernance forestière au Cameroun.”
Willy Djanang, lobbyiste

Angeline modjo Kamdem

“La formation sur le genre m’a permis de cerner les concepts relatifs au genre, ainsi que les procédés permettant d’assurer l’intégration du genre dans la gouvernance forestière à travers plusieurs outils déroulés au cours de cette formation. Nous avons élaboré notre plan d’action genre et désormais nos activités et nos planifications feront l’objet d’une analyse genre et de la prise en compte du genre. J’ai particulièrement aimé le module portant sur  ” Policy Analysis” à travers lequel j’ai été outillé sur la manière de réviser des documents avec une “lunette” genre, afin que la prise en compte du genre y soit intégrée. Par ailleurs, il serait souhaitable que le processus de capacitation des OSC continue pour s’étendre à l’intégration du genre dans tout cycle d’un projet. Nous avions en outre pensé que le formation devait également permettre au participants d’être dotés d’outils permettant d’élaborer une stratégie genre.”
Angeline Modjo Kamdem, forestière

magloire Tene

“L’atelier sur le genre dans les questions de gouvernance forestière a été une réelle opportunité pour moi. Je suis chef de projet à FODER et j’avoue qu’il y a un ensemble de réalités que je ne prenais pas suffisamment en compte dans la mise en œuvre du projet REDEC (Reducing Deforestation in Cameroon by Strengthening Communities’ Rights and EU action). En parcourant les préjugés et pesanteurs qui grèvent la question genre, j’ai pu corriger la mauvaise conception que j’avais. J’ai compris que la question genre permet de développer l’égalité de chance, d’opportunités en prenant en compte toute les minorités, les spécificités pour une bonne intégration dans les projets et programmes. Ceci est important pour le développement durable. Aussi, le genre renvoie à la recherche de l’équité. J’ai spécialement appris à faire une lecture « genrée » des documents de travail, ce qui m’a permis de revoir le cadre logique du projet. En apprenant à développer les « indicateurs genre sensibles », j’ai pu réaliser que je peux mieux intégrer le genre dans l’élaboration des TDRs, la qualité des participants aux différentes formations et consultations et même la rédaction des rapports. Bien que j’aurais souhaité que les questions de « budgets genre sensibles », implication du genre dans le développement des projets fussent abordés, je suis parti de l’atelier ayant beaucoup appris.”
Magloire Tene, juriste foncier 

Christiane ZEBAZE HELLOW

“Cette formation m’a permis de mieux comprendre ce que c’est que le genre. Cette notion ne signifie pas sexe (différence biologique entre hommes et femmes) et tient compte des principes que sont l’équité et l’égalité. « Genre » est utilisé pour montrer que les inégalités entre les sexes ne sont pas dues aux différences anatomo-physiologiques, mais plutôt au traitement inégal, inéquitable qui leur est réservé en société. L’égalité renvoie au fait que tout le monde (hommes ou femmes de toutes les catégories ou spécificités) a les mêmes droits et les mêmes chances devant une situation donnée ou l’accès aux ressources). L’Equité renvoie à la justice et tient compte des besoins différents des hommes et des femmes, qui peuvent corriger les déséquilibres entre les sexes. Plusieurs outils d’analyse genre existent en fonction des objectifs souhaités. Pour les appliquer il faut séparer en cas de besoin chaque genre par catégories, spécificité, individus. Chaque outil permet de mieux comprendre les différences sociales et à terme d’impulser un changement. Il peut s’avérer nécessaire d’utiliser plus d’un outil dans certain cas. Dans la prise en compte du genre tenir compte des spécificités et des catégories sociales telles que les PA, jeunes, handicapé, analphabètes, etc.”
Christiane Zebaze Hellow, environnementaliste 

Hervé Joel mounpen

“Au sortie de cette formation sur la prise en compte du genre dans les processus de gouvernance forestière, je puis dire qu’elle a été bénéfique à plus d’un titre d’abord ; elle m’a permis de bien cerner les concepts du stéréotype du genre notamment la différence qui existe entre genre et sexe. Ensuite, une connaissance large sur les principes fondamentaux du concept genre associés aux obstacles liés à la participation des femmes dans la gouvernance forestière. Enfin, une vue large sur les outils d’analyse genre et les indicateurs de suivi-évaluation sensible au genre.”
Hervé Joël Mounpen, qualiticien

——–

Propos recueillis par Christelle KOUETCHA (FODER)